Brice AHOSSA 

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24 May 2025

«Le Bénin pleure, la jeunesse doit agir» Entretien exclusif avec Brice Ahossa sur la lutte contre le terrorisme au Nord-Bénin.

Le terrorisme au Nord-Bénin : Une guerre qui ne pourra être gagnée sans la jeunesse. Mais à quel prix ? Découvrez une analyse sans détour de Brice Ahossa, Président du Cercle des Jeunes Activistes du Bénin, sur les causes, les conséquences et l’engagement nécessaire de la société face à cette menace grandissante.  Invité sur le forum ÌMANLÈ-ÌLÙ INTELLIGENTSIA DE DASSA, le Dimanche 18/05/2025, le jeune activiste sans langue de bois nous livre de nombreux secrets.

Propos recueillis en ligne par la cellule de communication de Brice Ahossa.


Modérateur: Bonsoir chers tous. Le terrorisme: une menace omniprésente dans le monde d’aujourd’hui, est la source de souffrances humaines incommensurables. Ce phénomène sévit de plus en plus dans le nord de notre pays. Comment les jeunes peuvent-ils contribuer à la lutte contre le terrorisme au nord-Bénin ? Avec notre invité, nous allons nous intéresser à cette question. Bonsoir cher invité. Soyez la bienvenue sur ÌMANLÈ-ÌLÙ. Merci de vous présenter aux membres de notre prestigieux forum INTELLIGENTSIA DE DASSA.


Brice Ahossa : Bonsoir à toutes et à tous. Bonsoir cher invité. Merci pour l’invitation et pour l’attention portée à ma modeste personne.Je suis Brice Ahossa, ici, Président du Cercle des Jeunes Activistes pour le Développement. Avant tout propos,je tiens à notifier que je ne suis ni chercheur en géopolitique, ni spécialiste des questions de sécurité. Je suis un jeune citoyen béninois, écrivain et étudiant engagé. Ce que je partage ici n’est pas une expertise, mais une parole sincère, née de l’écoute du réel et de l’espoir que, collectivement, nous pouvons faire reculer la peur.


Modérateur: Sans transition cher invité, le terrorisme: qu'est-ce que c'est? Qu'est-ce qui le caractérise ?


Brice Ahossa : Le terrorisme, c'est l'usage systématique de la violence, souvent dirigée contre des civils, dans le but d’installer la peur et de faire pression sur des États ou des sociétés. Ce qui le distingue, c’est qu’il ne cherche pas à remporter une guerre traditionnelle, mais à frapper les esprits, à briser les repères symboliques d’un peuple pour mieux l’affaiblir. Il cherche à installer un climat éternel d'absence de paix en créant une psychose au sein des esprits.


Modérateur: Quelles sont les causes du terrorisme ?


Brice Ahossa : Elles sont nombreuses. Mais je pourrais citer quelques unes...Au plan socio-économique nous avons la pauvreté endémique, le chômage de masse, les inégalités flagrantes. Au plan politique, nous avons le sentiment d’exclusion même si ce n'est pas forcément le cas(le discours joue tout, le narratif), la répression, le déficit démocratique. Au plan religieux et identitaire nous avons les manipulations dogmatiques, les fractures communautaires. Au plan géographique : porosité des frontières, déserts institutionnels.Mais au fond, le terreau commun, c’est l’humiliation. C’est le vide de sens. Quand une société ne propose plus d’avenir, certains vendent la mort comme seul horizon.


Modérateur: Quels en sont les objectifs ?


Brice Ahossa : Les terroristes veulent déstabiliser, imposer leur narration, instaurer une insécurité psychologique. Chaque attentat lance un message qui retentit dans les tympans : « Vous n’êtes plus en sécurité nulle part. » Leur but ultime ? Rompre la confiance entre les citoyens et leurs institutions. Parfois, j'ai le sentiment que c'est plus une lutte contre l'État central que contre les populations.


Modérateur: Et ses conséquences, quelles sont-elles?


Brice Ahossa : Les morts, les blessures, les traumatismes silencieux au plan humain. Du côté de l'économie, la fuite des investisseurs donc, le désinvestissement, le recul du tourisme, insécurité alimentaire. Au plan social, nous avons la montée des méfiances, les stigmatisations communautaires s'amplifient. Les politiques sont obligés de durcir la sécurité, parfois au prix des libertés. Mais la pire des conséquences, c’est peut-être l’habitude. L’indifférence. Quand les morts deviennent des statistiques.


Modérateur: Cher invité, le terrorisme : est-ce une fatalité, ou un mal qui peut être combattu et éradiquer ?


Brice Ahossa : Il y a solution à tout mal dont on a connaissance des causes.Donc ma réponse c'est NON. Il n’est ni naturel, ni inévitable. C’est un mal fabriqué, donc un mal que l’on peut déconstruire. Mais cela exige une approche globale : militaire, certes, mais aussi sociale, culturelle, éducative. Il faut s’attaquer aux causes autant qu’aux symptômes.


Modérateur: Quels sont les moyens de lutte contre ce phénomène ?


 Brice Ahossa : Au plan sécuritaire, l'État central s'investit déjà, il s'agit entre autres des renseignements, le contrôle des frontières et la coopération militaire. Le Burkina, le Bénin et le Niger ont choisi malheureusement de sacrifier la jeunesse actuellement. Sinon, même les pires adversaires face à un ennemi commun, s'unissent pour le combattre d'abord. Au plan éducatif , l'école partout, déradicalisation, éveil à la pensée critique, je propose même qu'on insère un cours d'endoctrinement s'il le faut sur l'idée de la nation, de la République et du respect qu'on doit lui vouer. Au plan social, la justice doit être justice, de l'emploi, et de l'inclusion. Culturel : il faut raconter d’autres récits, valoriser les voix de paix. Et surtout : investir dans la jeunesse. Là où il y a du vide, le terrorisme s’infiltre sévèrement même !


Modérateur: Quid du terrorisme au nord-Bénin ?


Brice Ahossa : Mon âme pleure, mon cœur saigne. C’est une réalité douloureuse, encore récente. Le Nord a longtemps été une presque terre oubliée , où l’État n’existait que sur les cartes. Et aujourd’hui, l’ombre du terrorisme y prospère sur ce vide historique. Le Nord n’a pas seulement besoin d’armes. Il a besoin de routes, d’eau, d’écoles, de justice. Il a besoin d’espérance. Le gouvernement est sur la voie, mais il en faut plus, il en faut plus, il faut de l'équilibre. Je serai à la place du Président de la République, j'irais construire une nouvelle Marina quelque part où sévit plus le terrorisme. C'est une manière de rassurer la population, et en même temps, de combattre ce mal, sans foi ni loi.


Modérateur: Pourquoi est-il nécessaire que toutes les composantes de la société mettent la main à la pâte pour lutter contre ce phénomène qui semble devenir grandissant ?


Brice Ahossa : Parce que d'abord c'est un fléau qui ne laissera de côté aucune composante de la société s'il s'amplifie et devient incontrôlable. Parce que le terrorisme ne fait pas de distinction. L’imam, le professeur, le chef du village, l’artiste, le parent, l’étudiant… chacun a un rôle. C’est un combat collectif, une bataille culturelle. Et l’on ne gagne pas ce genre de guerre avec des silences ou de l'indifférence.


Modérateur: Cher invité, comment les jeunes peuvent-ils contribuer à la lutte contre le terrorisme au nord - Bénin ?


Brice Ahossa : Il faut avoir le courage de poser le vrai problème : si les terroristes savent où sont les militaires, c’est bien parce que l’information vient de quelque part - et souvent, elle vient de la population elle-même. Cela ne veut pas dire que nos populations soutiennent massivement le terrorisme, non. Mais cela traduit un malaise profond, un désamour, parfois une colère silencieuse envers l’État central. Et sur le terrain, la seule représentation visible de cet État, c’est l’armée. Quand la confiance est rompue, quand l’État est perçu comme lointain ou oppressif, certains finissent par voir dans les terroristes des alternatives, ou du moins, des moindres maux. Il est donc urgent de réparer cette fracture. Et cela, seule une approche communautaire peut y parvenir. La jeunesse, les organisations locales, la société civile doivent se positionner comme trait d’union, comme force de réconciliation entre les forces de sécurité et les populations. C’est par le lien humain qu’on reconstruira la sécurité durable. J'insiste sur la jeunesse, parce qu'on la voit sur des projets, qui même sont d'une utilité, n'auraient aucun sens si la paix est menacée. Elle doit rétablir la confiance entre l'armée et les populations. Ça a l'air fort ce que je dis, mais c'est une triste réalité qu'il faudra absolument penser grandement afin de trouver une solution à ce que nous vivons. Comment y parvenir, il faut discuter avec les populations, sincèrement, il faut des ambassadeurs, il faut agir.


Modérateur: Des conseils et recommandations ?


Brice Ahossa : Ne jamais laisser le désespoir s’installer. Refuser la haine comme boussole. Se former, s’informer, s’organiser. Et surtout, ne pas banaliser la violence. Ne plus partager les vidéos et photos des scènes sur les réseaux sociaux. Chaque mort, chaque attaque doit nous réveiller, pas nous endormir. Nous vaincrons !


Modérateur : Merci cher invité.Qu'est-ce que le Cercle des jeunes activistes pour le développement ?


Brice Ahossa : C’est une organisation que j’ai fondée en 2022 pour que les jeunes ne soient plus de simples bénéficiaires, mais de véritables acteurs de changement. On forme, on sensibilise, on agit sur le terrain. C’est un espace d’engagement, ancré dans nos réalités locales, mais résolument tourné vers l’avenir. Nous sommes sur Facebook où on peut retrouver nos activités passées et celles à venir. CJAD-Cercle des Jeunes Activistes pour le Développement. Vous pouvez nous rejoindre.


Modérateur: Dieu fume t-il ? Parlez nous de votre ouvrage Dieu est fumeur.


Brice Ahossa : Ce titre est une provocation douce. Le livre est en réédition actuellement. Le livre a parcouru les maux qui gangrènent notre société. Un récit mystique et mystérieux par contre a donné son titre à tout l'ouvrage. Même après plusieurs exemplaires vendus, les lecteurs n'ont jamais réussi à exposer le contenu de ce récit au public. Ce n'est pas moi qui le ferai. Ce serait me trahir moi-même et mes lecteurs.


Modérateur: Merci cher invité. Nous sommes à la fin de la première partie de ce numéro de notre causerie ÌMANLÈ-ÌLÙ. Place aux questions reçues en inbox. À qui incombe la responsabilité d'associer les jeunes à la lutte contre le terrorisme ?


Brice Ahossa : Je crois que la responsabilité est partagée, mais elle commence par l’État, qui doit impliquer les jeunes dans ses politiques de sécurité et de développement. Elle revient aussi à la société civile et aux organisations de jeunesse, qui doivent sensibiliser, former et mobiliser. Enfin, les jeunes eux-mêmes ont un rôle crucial : refuser la haine, créer du lien, agir dans leur localité. Comme j'ai eu à le notifier ici, c’est une lutte collective, mais sans la jeunesse, elle est perdue d’avance.


Modérateur: Qu'est-ce qui différencie le Terrorisme du Djihadisme ?


Brice Ahossa : Le djihadisme est une forme de terrorisme. C’est une idéologie radicale fondée sur une vision extrême bancale de la religion musulmane. Les djihadistes veulent généralement établir un État islamique basé sur leur interprétation rigoriste de la charia. Pour faire court, tous les djihadistes sont des terroristes. Mais tous les terroristes ne sont pas djihadistes. Le terrorisme est plus large, tandis que le djihadisme en est une branche spécifique à connotation religieuse.


Modérateur: Qui sont ceux qui constituent les groupes terroristes ?


Brice Ahossa : Il y a ceux qui formulent les discours extrémistes et manipulent les croyances.Les chefs militaires, anciens combattants, parfois formés, qui organisent les attaques. De jeunes enrôlés, souvent pauvres, sans repères, parfois forcés ou séduits par de fausses promesses (argent, pouvoir, paradis...). Et de relais locaux, informateurs, complices, parfois issus des communautés, qui facilitent l’action du groupe. Ce sont des personnes différentes, mais réunies par un même projet : semer la peur et déstabiliser.


Modérateur: Quel est votre mot de fin ?


Brice Ahossa : Merci à toutes et à tous pour votre attention. Le terrorisme, comme beaucoup de fléaux, n’est jamais sans racines. Il prospère là où l’ombre dure, là où les intérêts se croisent, là où certaines mains, invisibles mais bien réelles, tirent profit du désordre. Il ne se finance pas tout seul, ne s’arme pas tout seul, ne se déplace pas sans appuis. Posons les bonnes questions : qui y gagne vraiment ? À qui profite le chaos ? Nous connaissons tous, au fond, une partie de la réponse. Mais au lieu de baisser les bras, que cela nous réveille. Car ceux qui sèment la peur espèrent notre silence. Et tant que nous parlerons, tant que la jeunesse se lèvera pour défendre la paix, ils n’auront pas le dernier mot. Ce fut un réel plaisir, merci à vous cher modérateur, je corrige, je vous ai appelé invité au début sous le coup du stress 😊😂


Modérateur: Fin de notre causerie ÌMANLÈ-ÌLÙ numéro 105.

Merci à notre invité pour sa disponibilité.

Merci aux membres du staff ÌMANLÈ-ÌLÙ.

Cellule de communication de Brice AHOSSA
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